Les techniques de recrutement dans la prostitution

D'abord, il faut savoir que la prostitution au Québec est contrôlée en majorité par des « gangs de rue », qui ont des proxénètes parmi leurs rangs. Ces « gangs de rue », plus fréquemment actifs dans les grands centres urbains comme Montréal, utilisent l'exploitation sexuelle de jeunes filles, souvent mineures, pour subvenir financièrement aux besoins du gang. 

D'ailleurs, les « gangs de rue » ont une hiérarchie bien particulière, présentée ici sous forme de tableau. De ce fait, les filles recrutées par ces groupes ne sont même pas considérées comme faisant partie de la structure fonctionnelle du gang, car elles ne sont que des objets sexuels servant à apporter une source de revenus au groupe.

Source : Centre international pour la prévention de la criminalité.  « Rapport comparatif sur les modes d’intervention auprès des jeunes à risque d’adhérer à un gang de rue ». En ligne. 2011. Centre international pour la prévention de la criminalité. p. 3. <http://www.crime-prevention-intl.org/fileadmin/user_upload/Publications/Rapport_comparatif_sur_les_modes_d_intervention_aupres_des_jeunes_a_risque_d_adherer_a_un_gang_de_rue_.pdf>. Consulté le 3 mai 2017.

Ainsi, les proxénètes vont aller recruter des jeunes filles vulnérables, comme des fugueuses qui ne savent plus où aller et qui cherchent du réconfort.  De  ce fait, parmi 76% de filles ayant fugué, 30% d'entre elles ont été confrontées à de l'exploitation sexuelle ou ont été en contact avec le monde de la prostitution. (Source : Beaudoin, Danielle. «Qui sont ces filles recrutées par les gangs de rue? ». In Radio-Canada.ca. En ligne. 2016. <http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/763751/jeunes-filles-recrutement-prostitution-gangs-rue-portrait>. Consulté le 14 avril 2017. ) Les personnes victimes de ce recrutement sont des jeunes filles provenant de tous types de milieux socio-économiques, et qui sont pour la plupart des Québécoises, bien souvent mineures. Leur point en commun est la dégradation de leurs liens sociaux avec leurs proches et leur connaissances, qui les met dans un état de vulnérabilité qui les pousse à tomber dans le piège des recruteurs. Donc, les proxénètes persuadent les jeunes filles à se prostituer en se présentant comme des personnes honnêtes et bienveillantes, qui veulent simplement aider la jeune fille. Au début, le recruteur va s'approcher de sa victime en lui rapportant du réconfort et une écoute et en lui offrant logis et nourriture, ce qui va faire en sorte qu'elle sera en état de dépendance financière envers le recruteur.  Ce dernier peut également amadouer la jeune fille en lui procurant de petites attentions, en la complimentant, en lui offrant des cadeaux, pour qu'elle commence à tomber amoureuse de son «sauveur». Ces actions calculées sont efficaces, car la victime est plus propice à avoir confiance envers le recruteur et à se fier sur lui si elle éprouve de l'affection pour lui.

Après la première phase de ce recrutement, quand le proxénète sait que la victime est sous son influence totale, c'est à ce moment qu'il fera volte-face. Il commencera par lui demander de payer tout ce qu'il lui offrait depuis qu'elle le connaît (la moitié du loyer, de payer sa nourriture, et cetera) en lui faisant réaliser qu'elle a une dette envers lui. Par la suite, il va convaincre la jeune fille de d'exploiter son corps pour payer ce qu'elle lui doit, étant donné que cette dernière n'a pas un sou en poche. De cette manière, la victime va réellement entrer en contact avec l'industrie du sexe, en commençant par faire des danses-contact ou encore en pratiquant l'effeuillage (strip-tease), jusqu'à ce que le proxénète la manipule pour qu'elle ait des rapports sexuels complets avec des clients. La plupart du temps, le recruteur va également initer la jeune fille aux drogues, pour qu'elle devienne encore plus vulnéable envers lui et surtout, plus facile à manipuler et contrôler. 

Voici un fascicule réalisé par le SPVM concernant le recrutement de ces jeunes Québécoises Prostitution liée aux gangs de rue (475.04 Ko)

Voici en vidéo une entrevue réalisée avec Arielle Desabysses, une jeune écrivaine qui a relaté son expérience avec la prostitution au Québec lors qu'elle a fugué de son domicile pendant deux mois à l'âge de 14 ans dans son roman « 14 ans et portée disparue», et qui met en lumière la véracité de la situation problématique de l'exploitation sexuelle des jeunes filles au Québec par l'entremise des «gangs de rue».